Le jardin noir
2024
« Le veilleur regarde cette trace où fut la vie.
Les oiseaux sautillent de poussière en cailloux.
Mainty, le silence du jardin. »
Un jardin noir, une branche, les restes d’une végétation, une pierre, quelques succulentes. Un groupe d’oiseaux qui cherche à manger. Un banc, qui fait face au veilleur. Une scène qui évoque un rituel. Une invitation à l’éveil et à la méditation.
Le jardin
Je voulais parler du quotidien, toucher le public avec des éléments qu’il connaît. Très vite, la notion de jardin est apparue. Car l’homme, depuis toujours, veut domestiquer la nature pour qu'elle le nourrisse et le protège, un symbole de toute-puissance en somme.
Notre jardin évoque, lui, un monde post-rechauffement-climatique ou plus rien, ou presque, ne pousse. Un jardin, sombre, poussiéreux, aride qui remet l’humain face à sa fragilité. Ce que l’homme croit acquit depuis des millénaires peut donc disparaître.
Mais ce jardin est paradoxal, car tout comme les haut-plateaux malgaches qui ont subi la déforestation, il reste beau. Tristement beau. Cela met en lumière la difficulté de parler de protection de l’environnement.
Les oiseaux
Selon une légende amérindienne, les oiseaux seraient des messagers pour les Terriens qui le désirent. Grâce à leur vision lointaine, cet animal symbole de liberté peut tout voir, et par conséquent sait tout. Pour les scientifiques, il est considéré comme une sentinelle de la nature.
Là où il disparaît, la nature est en danger. J’ai donc travaillé autour du Fody lahy mena. Un petit oiseau que l’on retrouve dans les jardins malgaches. Un oiseau de notre quotidien presque un compagnon. Un oiseau fragile souvent malmené par les paysans, car il se nourrit des cultures.
Bien qu’endémique à Madagascar, l’on retrouve ses cousins, les passereaux sur tous les continents et dans toutes les villes du monde. C’est donc un symbole universel.
Le veilleur
Thème récurent dans mon travail, il est l’homme engagé, l’homme qui prie, l’homme qui accueille l’autre. Il est celui qui travaille pour la communauté, le passeur. Représenté dans la position de « seiza », il est le regard bien veillant qui nous suggère que tout est possible et qu’il est encore temps de sauver la planète.
Rituel
Je crois beaucoup au rituel pour aider les hommes dans leur vie. L’installation est un appel au recueillement tout comme un jardin zen japonais ou un autel de méditation bouddhiste.
Un banc en pierre invitera les visiteurs a s’asseoir un moment devant l’installation. Ils seront, alors, invités à poser un petit caillou dans le jardin pour qu’à la fin de l’exposition la terre noire disparaisse et que le jardin revienne, un peu, à la vie.
Xa Fischer
Antananarivo, septembre 2024
Exposition collective Antson’ny tontolo miaina
Du 28.09 au 17.10 2024
Zone Zital, Ankorondrano